WTW France a récemment dévoilé les résultats de la septième édition de son Baromètre de l’absentéisme dans l’industrie privée, analysant les données de près de 2 000 sociétés, représentatives de plus de 430 000 employés sur une durée de cinq ans.
Sommaire
ToggleUne augmentation constante de l’absentéisme
En 2024, le pourcentage d’absentéisme a atteint 5,1 %, marquant une augmentation de 3 % par rapport à l’année précédente. Bien que la fréquence des arrêts de travail ait légèrement diminué, la durée moyenne de ces arrêts a crû pour atteindre 24,1 jours. Environ 35 % des employés ont pris au moins un congé maladie au cours de l’année, une proportion qui a régulièrement augmenté depuis 2020.
Les maladies continuent de constituer la cause principale de l’absentéisme, comptant pour 94 % des interruptions. Les accidents du travail, de trajet et les maladies professionnelles, bien qu’ils représentent seulement 6 % du total des arrêts, contribuent pour 17 % à l’absentéisme global. Ces incidents entraînent des arrêts trois fois plus longs (71 jours en moyenne contre 21 pour les maladies). Les secteurs les plus affectés par ces accidents incluent le transport, la construction, la santé et la restauration.
Les congés de longue durée, soit plus de 90 jours, constituent désormais 6 % des absences et ont un impact croissant sur le taux moyen d’absentéisme, leur part ayant augmenté de 48 % en 2019 à 57 % en 2024. Les risques psychosociaux demeurent la principale cause de ces longues absences, représentant 36 % des cas, contre 32 % en 2023.
Variabilités selon les groupes démographiques et les secteurs
Les femmes ont un taux d’absentéisme plus élevé que celui des hommes, avec 6,1 % contre 4,5 % en 2024 (contre 5,9 % et 4,4 % en 2023 respectivement).
- Les jeunes travailleurs (20-30 ans) présentent la fréquence d’arrêt la plus élevée (1,9 contre 1,6 pour les 60-70 ans), souvent pour des raisons psychologiques.
- Les employés plus âgés enregistrent la plus longue durée moyenne par arrêt (33,3 jours pour les 50-60 ans, 44,5 jours pour les 60-70 ans), en raison de pathologies plus complexes.
Par catégorie socio-professionnelle :
- Les ouvriers affichent le taux le plus élevé (7,37 %), suivi par les employés (6,79 %).
- Les cadres présentent le taux le plus bas (2,37 %), mais notent une augmentation significative, avec une durée moyenne d’arrêt augmentée (20,2 jours contre 19 jours en 2023).
- Seules les professions intermédiaires ont vu leur taux diminuer (4,5 % contre 4,59 % en 2023).
Le type de contrat joue également un rôle : les employés en CDD (2,3 %) ont un taux d’absentéisme plus de deux fois inférieur à ceux en CDI (5,3 %), même si la fréquence des arrêts est en hausse depuis trois ans.
Les secteurs les plus affectés restent :
- Santé et action sociale : 8,5 %
- Hébergement et restauration : 8 %
- Transport et entreposage : 6,8 %
Par région, les Hauts-de-France présentent les chiffres les plus élevés (6,56 %), avec la prévalence la plus forte (39,1 % des employés en arrêt) et la durée moyenne d’arrêt la plus longue (27,6 jours), suivie par le Grand-Est (6,42 %).
Un impact économique significatif
L’absentéisme engendre un coût annuel estimé à plus de 120 milliards d’euros pour les entreprises françaises, incluant :
- Les coûts directs : indemnités journalières, maintien de salaire, prestations de prévoyance.
- Les coûts indirects : désorganisation des équipes, perte de productivité, surcharge de travail, atteinte à l’image de l’employeur.
La réforme d’avril 2025, qui plafonne les IJSS à 1,4 SMIC, accroît la pression financière sur les entreprises et les assureurs.
Les arrêts de longue durée ont également un impact accru sur les régimes de prévoyance, avec :
- Un nombre accru d’arrêts dépassant les franchises contractuelles;
- Une prise en charge prolongée en raison de la durée des arrêts longs;
- Une augmentation des indemnités journalières complémentaires, due à la hausse des salaires.
Ces évolutions pourraient inciter les assureurs à augmenter leurs taux de cotisation.
Orientation vers une stratégie de prévention
Face à cette tendance, les entreprises se tournent de plus en plus vers la prévention plutôt que le curatif. Depuis la pandémie, le bien-être des employés est devenu un élément central des stratégies RH, avec un effet direct sur la performance.
Un exemple concret est observé dans le secteur de la construction, qui, malgré des risques inhérents élevés, a vu son taux d’absentéisme chuter à 4,2 % en 2024 grâce à l’implémentation d’une politique de prévention robuste incluant la modernisation des équipements, la nomination de référents sécurité et des formations adaptées.
« L’accroissement de l’absentéisme en 2024 est bien plus qu’un indicateur social, c’est un signal d’alarme pour les entreprises. Affectant toutes les générations, tous les secteurs et tous les niveaux hiérarchiques, il souligne le besoin urgent de repenser l’organisation du travail, d’écouter les employés et d’investir durablement dans la prévention et la qualité de vie au travail », souligne Noémie Marciano, Directrice de l’activité Assurance de personnes chez WTW en France.
Méthodologie : L’enquête a été réalisée auprès de 431 981 employés issus de 1 952 entreprises du secteur privé sur une période de 5 ans, en utilisant les données fournies par les Déclarations Sociales Nominatives (DSN).
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