L’intelligence artificielle simplifie considérablement les processus, économisant ainsi un temps précieux. Son utilisation quotidienne a connu une croissance remarquable, doublant en l’espace d’un an et permettant aux employés d’économiser en moyenne 1,3 heure par jour. Que ce soit pour résumer des documents, rechercher des informations ou automatiser des tâches répétitives, l’IA est devenue un outil incontournable. Cependant, à mesure que les individus gagnent en rapidité, les organisations tendent à perdre en cohérence.
Un désaccord croissant au sein des équipes
Une étude menée par Atlassian auprès de 12 000 employés et 180 dirigeants dans six pays différents révèle une tendance troublante : 51 % des employés préfèrent désormais interroger une IA au lieu de demander de l’aide à un collègue. Ce comportement, bien que semblant banal, transforme profondément les interactions et la collaboration au sein des équipes. De plus, les managers ne sont pas en reste, puisque 65 % des employés ont observé leurs supérieurs utiliser l’IA pour résoudre des problèmes en temps réel.
L’adoption de ces technologies est fortement encouragée par les directions, avec 74 % des employés qui attestent du soutien de leur hiérarchie, en hausse de 14 points sur un an. Malgré cet élan, les entreprises se retrouvent embourbées dans un amas d’outils disparates, de silos et de décisions éclatées, avec seulement 3 % d’entre elles constatant une amélioration notable de leur efficacité globale.
Le constat est sévère : l’utilisation de l’IA pour booster uniquement la productivité individuelle conduit également à un accroissement du désordre organisationnel. 37 % des dirigeants reconnaissent que ces outils ont parfois semé la confusion au sein de leurs équipes. Les entreprises qui se concentrent exclusivement sur la productivité personnelle ont 16 % moins de chances de connaître une progression de l’innovation.
« Au lieu de se contenter d’utiliser l’IA pour accélérer nos propres tâches, nous devrions l’exploiter pour renforcer la cohésion de nos équipes », souligne Avani Prabhakar, Chief People Officer chez Atlassian. « C’est en favorisant l’intelligence collective que l’IA devient réellement transformative. »
Des dirigeants optimistes mais encore éloignés des objectifs
Les dirigeants placent de grands espoirs dans ces technologies, considérant l’IA 5,6 fois plus capable de résoudre des problèmes complexes. Cependant, seulement 4 % d’entre eux pensent qu’elle permet déjà de surmonter des défis insurmontables. Un écart important entre la perception et la réalité persiste.
Il existe aussi un décalage entre les attentes des dirigeants et la réalité du terrain. 82 % des responsables marketing estiment que leurs équipes utilisent l’IA pour générer du contenu, tandis que seulement 56 % des employés confirment cette utilisation. Les employés mettent en avant un manque d’accès aux données nécessaires : 79 % d’entre eux affirment qu’ils se serviraient davantage de l’IA si elle était mieux intégrée aux ressources internes.
Concernant l’emploi, la vision des dirigeants devient plus modérée. Ils prévoient un doublement du travail automatisé dans les cinq prochaines années, mais seulement 10 % envisagent des réductions d’effectifs massives. Pour 34 %, l’IA permettra de libérer du temps pour des tâches stratégiques ou créatives, et 29 % pensent que, même si certains rôles disparaîtront, de nouvelles professions émergeront.
Le problème principal n’est pas technique mais culturel. Plus de la moitié des dirigeants reconnaissent qu’ils sont supposés promouvoir l’utilisation de l’IA, bien que cela n’influe ni sur leurs objectifs ni sur leur rémunération. Seulement dans 10 % des cas, l’adoption de l’IA est directement liée à la performance de l’entreprise.
« Exploiter le potentiel de l’IA à l’échelle d’une organisation nécessite plus qu’une simple automatisation ; cela exige un changement culturel aussi profond que le changement technologique », insiste Avani Prabhakar.
En définitive, l’avenir de l’IA ne repose pas uniquement sur l’accumulation d’outils. Il dépend de la capacité des entreprises à réintégrer leurs équipes, à structurer leurs données et à développer une vision unifiée. Sans cela, les bénéfices individuels, aussi significatifs soient-ils, pourraient s’avérer coûteux, atteignant jusqu’à 98 milliards de dollars par an pour les entreprises du Fortune 500, selon Atlassian.
Le véritable enjeu n’est plus la productivité mais la cohérence organisationnelle. C’est là que se jouera probablement la véritable révolution du travail.
Méthodologie :
L’étude « The AI Collaboration Index » repose sur les recherches effectuées par le Teamwork Lab d’Atlassian, un collectif de chercheurs dédiés à l’optimisation des pratiques d’équipe. Atlassian a sondé 180 cadres dirigeants d’entreprises du Fortune 1000 et 12 000 employés aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie, en Inde, en Allemagne et en France pour identifier les tendances et les leçons sur la collaboration des équipes avec l’IA.
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